Lors de la première semaine de mars, la scène culturelle indépendante de Prague a accueilli la première édition du festival du théâtre français Mange ta grenouille ! Des centaines d’amateurs du théâtre français se sont retrouvés dans la charmante salle rondocubiste de Švehlovy koleje dans le quartier de Žižkov. Le festival a été officiellement ouvert par la première tchèque de la clownerie punk et politiquement incorrecte War Pig qui a eu beaucoup de succès au festival d’Avignon l’année précédente.
Le binôme Kostas Asmanis et Guillaume Moreau de la compagnie parisienne le Festin de Saturne s’est présenté pour la première fois en République Tchèque pour montrer à une salle comble à quoi peut ressembler un théâtre contemporain engagé.
Les spectateurs ont également pu apprécier un des textes dramatiques jeune public les plus populaires en ce moment, L’ogrelet de Suzanne Lebeau, traduit par Natálie Preslová et réalisé par Janek Lesák du théâtre Malé divadlo de České Budějovice. Celui-ci s’est servi d’un système unique de projection lumière pour mettre le texte en espace dans les locaux cubistes de Venuše ve Švehlovce. Ce conte sombre et plein d’humour qui parle de l’effort pour briser une malédiction familiale a fortement parlé même au public adulte.
Le côté poétique de l’écriture dramatique contemporaine française a été représenté par Rhapsodie sans visages de Sigrid Carré-Lecoindre traduit par Petr Christov et mis en espace par Simona Petrů.
Le jeudi soir, deux textes absurdes ont été présentés, traduits et mis en espace par Linda Dušková, metteuse-en-scène tchèque qui est en ce moment basée à Paris. Le texte court Shakespeare et Cervantes de Julien Daillère est une réflexion amusante sur les questions d’identité et de mensonge envers soi-même, tandis que Je pars deux fois de Nicolas Doutey présente un couple dans une situation extrême. Le poétisme absurde et original des textes a été encore souligné par la scénographie ingénieuse de Sylvie Gajdošíková.
A côté des textes francophones, le programme a été complété par deux pièces tchèques d’inspiration française : le « heavy metal soap opera » Wariot Ideal de Vojta Švejda a spol. et L’année dernière à Marienbad de la troupe praguoise Depresivní děti touží po penězích (Les enfants dépressifs désirent de l'argent).